Édition du lundi 14 septembre 2015
André Laignel et Michel Vergnier appellent à la mobilisation pour le 19 septembre
© F.Lemarc
Les maires sont dans la dernière ligne droite avant la journée nationale de mobilisation organisée par l’AMF samedi prochain. Qu’attendez-vous de cette journée ?
J’en attends qu’elle mobilise massivement les maires de France afin d’engager un dialogue avec la citoyens. Aujourd’hui, la situation des communes est de plus en plus difficile. C’est à la fois la dilution dans l’intercommunalité qu’on veut nous imposer, mais aussi une baisse des moyens qui a commencé depuis maintenant plusieurs années, en particulier avec la suppression brutale de la taxe professionnelle, et qui continue aujourd’hui avec la baisse des dotations. Le risque, bien réel, est à la fois la panne des investissements et l’abaissement du service public local. Ce que vous voulons – non seulement samedi 19 septembre mais bien au-delà – c’est prendre à témoin les citoyens. Leur dire les difficultés de nos communes et l’impact que ces difficultés pourraient avoir sur leur vie quotidienne. Trop souvent, on croit que le débat sur les finances locales n’est qu’une affaire de spécialistes. En réalité, il doit être approprié par le citoyen, parce que c’est sa vie quotidienne qui est en jeu.
Que va-t-il se passer samedi prochain dans votre commune d’Issoudun ?
Nous n’attendons pas samedi ! J’ai déjà fait deux conférences de presse pour appeler les Issoldunois – mais aussi l’ensemble des maires de mon département – à se mobiliser. Cet après-midi, je pose sur la façade de la mairie une grande banderole : « Communes, un patrimoine en danger ». Et j’appelle par la même occasion tous les citoyens à venir samedi prochain sur le marché d’Issoudun, sur lequel seront présents tous les élus municipaux, afin de signer la pétition que l’AMF a lancée contre la baisse des dotations.
Vous êtes membre de la direction du Parti socialiste, le gouvernement est socialiste. Vous sentez-vous malgré tout à l’aise pour participer à cette mobilisation, et estimez-vous que vos collègues maires de gauche ne doivent pas être gênés ?
Je me contente de défendre mes convictions. Mes convictions, c’est que la commune est un patrimoine de la République, et qu’aujourd’hui ce patrimoine est mis en danger. Mais cette mise en danger ne date pas du gouvernement de gauche : elle a commencé sous la majorité précédente, et je l’ai dénoncée en son temps. Je suis dans la continuité de ma pensée. J’ai combattu le président Sarkozy lorsqu’il a brutalement supprimé la taxe professionnelle. Je ne pourrais pas accepter aujourd’hui que l’on continue à affaiblir les communes.
La seule chose qui me mettrait mal à l’aise, c’est de ne pas faire mon devoir. Si nous estimons que la commune doit rester le pilier de la République, comme elle l’a toujours été, nous avons le devoir de le dire. De même que nous avons le devoir de refuser toute récupération politicienne, par qui que ce soit.
Ce que nous voulons, ce n’est pas une journée « contre » le gouvernement, mais une journée « pour » : pour la commune, pour répondre aux attentes des citoyens, pour moderniser notre pays, pour relancer l’économie.
Propos recueillis par Franck Lemarc
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